Maladie corticale du hêtre
 
Nom anglais
Beech bark disease
 
Catégorie de la maladie
Maladies des troncs et des branches
 
Nom de l'agent pathogène
Neonectria faginata (Lohman et al.) Castl.
Cylindrocarpon faginatum C. Booth. (anamorphe)
Neonectria ditissima (Tul. & C.Tul.) Samuels & Rossman
Cylindrocarpon heteronema (Berk. & Broome) Wollenweb (anamorphe)
 
Hôtes

Signes
Périthèces

Description
La maladie corticale du hêtre est une maladie exotique qui a été découverte pour la première fois à Halifax en 1920. Elle fit son apparition au Québec en 1965 dans la région du Témiscouata et en Ontario en 1999. La maladie résulte d’une interaction entre un insecte, la cochenille du hêtre (Cryptococcus fagisuga Lindinger), et deux champignons pathogènes, le Neonectria faginata et le Neonectria galligena.

La cochenille a été introduite accidentellement en Amérique du Nord vers 1890 lors de l’importation de hêtres européens en Nouvelle-Écosse. Depuis, l’insecte s’est disséminé vers l’ouest et le nord-ouest du continent. La cochenille sécrète une cire blanche, ce qui facilite sa détection. À la suite d’une infestation sévère, l’écorce meurt et un liquide brun-rougeâtre (exsudat) s’écoule de cette zone nécrosée. Les agents pathogènes colonisent les tissus blessés par les cochenilles.

Les hêtres malades se caractérisent par la présence de chancres sur le tronc. Lors d’attaques sévères, les nombreux chancres déforment gravement l’écorce et entraînent le dépérissement de l’arbre. Ainsi, les arbres affectés peuvent présenter une cime clairsemée.

La maladie évolue et progresse dans un peuplement suivant trois phases : 1) l’invasion, qui se caractérise par la colonisation des hêtres par la cochenille du hêtre; 2) la destruction, où les hêtres meurent à la suite des attaques de fortes populations de cochenilles ainsi que de celles des champignons pathogènes; 3) la dévastation, où la présence d’arbres morts, de vieux survivants et de jeunes hêtres issus de rejets ou de drageons caractérise le peuplement.
 
Cycle biologique
La cochenille du hêtre (Cryptococcus fagisuga Lindinger) hiverne sur l’écorce du hêtre dans une cire blanche à l’aspect laineux. La reproduction de la cochenille est parthénogénétique; ainsi, la femelle dépose ses œufs dans les stries de l’écorce entre la fin juin et le mois de juillet. Les larves restent sur place, migrent sur le tronc ou s’établissent sur un arbre voisin à l’automne. Elles enfoncent leur stylet dans l’écorce, hivernent sous forme de pupe et deviennent adultes l’été suivant.

Les ascospores sont disséminées par la pluie et le vent. Elles infectent les blessures causées par la cochenille. La maladie provoque des chancres qui peuvent se fusionner lorsque l’arbre est gravement atteint. Les champignons responsables de la maladie corticale du hêtre sont : Neonectia faginata et Neonectria galligena. Le N. faginata n’existe que sur le hêtre à grandes feuilles tandis que le N. galligena affecte plusieurs espèces de feuillus. Les périthèces se développent sur l’écorce trois à cinq ans après l’invasion de la cochenille. Elles sont isolées ou groupées et elles atteignent leur maturité vers la fin de l’été. Les périthèces sur l’écorce morte peuvent produire des ascospores l’année suivante et ils sont de couleur rouge orangé. Les macroconidies de la forme anamorphe (Cylindrocarpon faginatum et C. heteronema) peuvent être dispersées du mois de juillet jusqu’à la fin de l’automne.
 
Stratégie d'intervention
En forêt, la maladie ne peut être éradiquée, mais une coupe sanitaire des arbres affectés par la cochenille ou les champignons pourrait ralentir la progression de la maladie surtout dans les territoires nouvellement envahis. Lorsque la maladie est présente depuis plusieurs années, la prudence est de mise dans l’intensité de la coupe afin d’éviter l’envahissement du peuplement par le hêtre.

Sur les arbres d’ornement, des mesures sporadiques peuvent être appliquées pour contrer la prolifération des cochenilles, entre autres l’utilisation d’un jet d’eau puissant pour déloger l’insecte, l’application d’huile de dormance sur les colonies de cochenilles lorsque l’arbre est en dormance et le brossage de l’écorce pour déloger les cochenilles.
 
Commentaires
Anciennement, le champignon était appelé Nectria coccinea var. faginata Lohman, Watson and Ayers. Les travaux de Castlebury et al. (2006) ont montré que N. coccinea var. faginata n’existe que sur le hêtre de l’Amérique du Nord. Ils ont proposé un nouveau nom pour le champignon : Neonectria faginata.  
 
Références
CASTLEBURY, L.A., A.Y. ROSSMAN et A.S. HYTEN. 2006. Phylogenetic relationships of Neonectria/Cylindrocarpon on Fagus in North America. Can. J. Bot. 84 : 1417-1433.

EHRLICH, J. 1934. The beech bark disease: a Nectria disease of Fagus, following Cryptococcus 'agi (Baer.). Cano J. Res. 10:593-692.

HOUSTON, D.R. 1994. Major new tree disease epidemics: Beech bark disease. Annu. Rev. Phytopathol. 32 : 75-87.